2020, l’année qui réfléchit à l’essentiel.

Quand j’étais jeune, je passais mon temps libre à écrire des citations de grands poètes et philosophes de tous horizons. Je voyageais avec Kafka, Lorca, Hugo, Marquez, Hemingway, Tolstoï, Gibran… Essentiel 2020

Au lycée, mon père m’apportait du papier grand format chez l’imprimeur que je découpais pour y inscrire mes meilleures citations. Puis, je choisissais celles qui impactaient mon âme et m’invitaient à réfléchir sur la nature humaine. 

Je partais très tôt au lycée et suppliais le gardien pour entrer en classe avant l’heure. Je collais mes affichettes calligraphiées avec passion et fierté. La suite était toujours la même : mon professeur de littérature se laissait guider par mon discours. Il prenait ma place et m’invitait à expliquer ce flot de significations qui se dégageait de mes fameuses citations.

 

Pourquoi je vous raconte cela ? 

Aujourd’hui, les citations ont du succès. On les retrouve désormais sur les réseaux sociaux. 

Il suffit de faire un tour sur les innombrables comptes Instagram et Facebook dédiés. Leur taux d’engagement est très fort. Les citations ont donc migré du support papier vers un support virtuel. Les réseaux sociaux ont donné une nouvelle vie à nos citations avec un vrai public qui attend d’être réconforté et inspiré. Il suffit de taper sur Google « citations » et vous trouverez un incroyable listing des sites qui sélectionnent les « meilleures » citations selon des thématiques.

Quand nous avons entamé la refonte de notre site internet et la présentation de l’agence, nous avons naturellement inscrit quelques citations pour habiller notre philosophie autour de notre signature : comprendre et exprimer l’essentiel. Plus je les lis, plus je prends acte de l’étendue de leurs significations. C’est là le pouvoir d’une bonne citation car son impact émotionnel dépend de nos états d’âme.

 

2020 : l’année de l’essentiel 

2020 est l’année de la sémantique par excellence. Nous avons découvert un nouveau vocabulaire, travaillé des notions existentielles. Quand le mot « essentiel » a été choisi pour exprimer notre ADN, nous n’avons absolument pas pensé qu’un jour ce mot deviendrait le mot le plus médiatisé de l’année : l’essentiel 2020.

Nous avons choisi pour clore nos présentations le texte de Camus adressé à son ami René Char : « Je voudrais bien l’an prochain réduire ma vie à l’essentiel, autant que possible, et vous êtes dans cet essentiel. » Je relis ce texte en cette fin d’année et il m’interpelle : et si je réduis mon essentiel en 2021, quelles sont les personnes que je souhaiterais inclure ? 

Et vous ? Quel est votre essentiel pour 2021 ? 

Si je reprends le sens littéral du terme, ce qui est essentiel est ce qui est central, capital et qu’on refuse de s’en passer. Essentiel vient du latin essentialis, la partie la plus importante d’une chose.

Le mot essentiel est donc polysémique car il recouvre plusieurs sens selon les contextes, les cultures, les époques et les personnes. Il s’applique tant sur un plan matériel que spirituel.

Les français s’interrogent depuis la crise sanitaire et de manière très franche sur ce qui est essentiel dans leur vie. On a découvert que ce qui est essentiel pour certains ne l’est pas pour d’autres. Si mon essentiel est dans les livres, les autres voient leur essentiel dans une consommation Netflix.

L’essentiel nous a amené à réfléchir de manière plus globale notre société d’hyperconsommation. L’essentiel amène aussi à réfléchir le superflu, les futilités de notre modèle d’existence.

Répondre à la question ”qu’est-ce qui est essentiel pour moi ?” est une invitation à la philosophie : ce qui est essentiel est donc celui qui me procure du bonheur et un sentiment de plénitude. Mais c’est quoi au juste le Bonheur tant désiré ?  Le bonheur est-il possible avec peu ?

 

2020 et le questionnement sur le bonheur individuel

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous poser cette question en ce moment. Des craintes de manquer, un questionnement sur le sens de nos vies.

Depuis une quinzaine d’années, le mouvement vers consommer moins en France a commencé à émerger. 

La crise écologique, le sentiment de culpabilité face à sa propre consommation, le sentiment d’oppression avec tant d’objets cumulés chez soi et autour de soi. De plus en plus, nous exprimons le sentiment d’être saturés avec tant d’objets cumulés, tant de suractivité vide de sens.

J’observe donc, ces derniers temps, deux faits majeurs : la conscience que la surconsommation ne rend plus heureux et le questionnement sur la définition du progrès : le progrès est-il simplement dans la croissance ?

À vrai dire ce constat n’est pas nouveau, car quand on travaille depuis un certain temps sur l’évolution de la société française, on a déjà formulé un ensemble de conclusions dont la limite du progrès économique et sa non-corrélation avec les indices de bonheur.

On a cumulé les conforts dans nos pays occidentaux mais paradoxalement, on a éprouvé un fort sentiment d’oppression et de déprime individuelle et collective.

Nous sommes possédés par la possession depuis l’avènement de la société de consommation. Plus on surconsomme,  plus notre indicateur de bonheur chute ! Et c’est bien logique. Pourquoi ? 

Parce qu’on a investi notre identité dans les objets au lieu d’investir dans la production du sens et dans l’enrichissement de notre existence par d’autres types d’expériences humaines et relationnelles. 

On a investi dans l’objet comme prolongement, extension de nous-même ! Tous les théoriciens des années 60’ ont bien expliqué le lien entre identité et objet. Nous voilà revenir vers ces études et surtout donner raison à ces précurseurs. Essentiel 2020 

Faouzia Rejeb
Faouzia Rejeb
Directrice conseil et formation | Agence DifferenCie
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