Et si on revenait à l’essence de la communication ?

Que signifie communiquer ? Comment bien communiquer ? Sommes-nous des bons communicants dans la vie personnelle et professionnelle ? Comment améliorer sa communication ? Et si on revenait à l’essence de la communication ? 

Cela vous paraît évident puisque tout le monde communique et pense bien communiquer !
Mais quand on s’arrête sur nos schémas de communication, on se rend compte très vite de la difficulté de la tâche.

La communication, essence de notre existence

Étymologiquement, communiquer, c’est partager. Ce qui est différent de l’acte d’informer. L’information est un travail, une élaboration, une mise en forme qui obéit à des règles qui permettent de produire techniquement une représentation fidèle du réel.

L’information n’est ni expressive ni argumentative. Elle relève d’un contrat d’objectivité. Quand je vois le panneau STOP, il m’informe que je dois m’arrêter. On y retrouve donc ni émotion, ni argumentation. 

En revanche, L’ENVIE est la source principale de l’acte de communiquer. Nous communiquons pour 3 raisons fondamentales : 

  • L’envie de partager avec l’autre
  • L’envie de convaincre l’autre
  • Ainsi que l’envie de le séduire

Bien évidemment le dosage entre partager, convaincre et séduire dépend des contextes et des moments de vie. J’écris ainsi ce texte parce que j’éprouve cette envie de partager avec vous mon point de vue. 

Nous comprenons ainsi que l’essence de la communication ne se réduit pas à un simple processus de transfert de significations ou d’informations.

Communiquer renvoie alors à la notion de l’échange, du dialogue et du lien. Communiquer c’est tenir compte de l’autre. Cette idée nous renvoie à la fameuse notion du Feed-back ; une notion qui ne date pas d’aujourd’hui. Elle est mise en circulation par Wiener en 1948. Les idées de Wiener apportent l’espoir d’un rapprochement entre les peuples. Sa théorie de la communication est conçue non seulement comme un phénomène essentiel aux sociétés humaines mais un phénomène structurant le monde dans son ensemble. 

Échanger c’est ce que recherche chacun en permanence à l’échelle individuelle et collective. Communiquer est l’essence de notre existence. Elle est liée à notre condition humaine.

L’école de Palo Alto nous renseigne sur cette réalité fondamentale : « tout est communication ». Dès que deux êtres humains sont en présence l’un de l’autre, ils se trouvent pris dans un cadre communicationel. Nous ne pouvons jamais nous abstenir de communiquer et nous sommes biologiquement obligés de communiquer ! 

L’explosion des nouvelles techniques de communication, l’explosion des volumes d’échanges d’informations et la facilité technique de rencontrer l’autre nous posent problème et nous amènent à réfléchir : le monde est connecté, nous avons toutes les compétences techniques pour être avec l’autre mais est-ce cela est suffisant pour se comprendre ? Pour dialoguer et construire ? La réponse est NON.

Réussir sa communication : pouvoir se rapprocher de l'autre en étant soi-même

Nous avons tous eu l’expérience douloureuse d’être incompris. Alors, nous essayons d’expliquer, de justifier et de se justifier. C’est ce qu’on appelle « méta-communiquer » : nous passons la majorité de notre temps à communiquer sur notre propre communication afin de réduire les incompréhensions. Il nous arrive aussi de « intra communiquer » avec nous-mêmes. Combien de fois nous éprouvons une certaine dissonance cognitive ; cette situation où nous ne sommes plus en raccord avec nous-mêmes. Cette situation d’inconfort psychologique nous pousse à trouver la mécanique pour réduire notre stress intérieur. 

L’essence de la communication, c’est avant tout prendre conscience de la complexité de cet acte : entre ce que je sais, ce que je dis et formule, ce que l’autre entend, ce qu’il écoute vraiment, ce qu’il comprend réellement, ce qu’il retient de mon discours, ce qu’il est capable de transmettre… bref, il ne reste plus grande chose !

Prendre conscience de ce processus, c’est s’arrêter d’emblée sur le premier segment de ce processus : moi, source première de l’acte de communiquer. Et si j’arrête de réduire le bruit de significations en agissant sur mes propres moyens.

Rencontrer l’autre est avant tout se rencontrer. Pour que cette rencontre soit une réussite, nous devrons la concevoir comme une source d’épanouissement. Rencontrer l’autre ce n’est pas jouer un rôle mais être soi. Et c’est compliqué d’être soi de nos jours. Être soi c’est accepter sa fragilité et pouvoir communiquer sans être jugé. C’est une forme de liberté.

Pour bien communiquer, il est essentiel d’être cohérent et congruent. Mais ce n’est pas simple car nous sommes éduqués à jouer des rôles sociaux, à nous imposer des filtres selon les circonstances et les interlocuteurs. Et c’est épuisant non ? 

Pour que le message passe de manière fluide, il n y a pas de mystère : si vous êtes clair, vivant, simple  authentique et émotionnellement présent, votre interlocuteur percevra de manière fluide et instantanée votre pensée et l’essence de votre message. Il se souviendra de votre message de manière intacte et évitera les distorsions même s’il n’est pas d’accord avec votre point de vue.

Cette posture vous aidera à synchroniser votre comportement avec votre interlocuteur. Ce type de rapport crée la confiance, améliore le rapport avec les autres et nous amène à une réelle prise en compte de ses cadres de références. Communiquer c’est se connaître d’abord et c’est accepter ensuite que l’autre est différent de moi ! Il a ses propres mécanismes de perception et de réception. Communiquer avec l’autre c’est à la fois chercher des points communs et admettre les différences, les gérer.

Reconnaître les différences c’est éviter les attitudes d’affrontement. 

Cette prise de conscience nous amène à ajuster notre comportement et s’ouvrir aux autres. Quand nous communiquons, nous sommes pris dans un système. Pour éviter que ce système n’explose pas, nous devrons prendre acte de la situation de l’autre. De l’empathie, dites-vous ? c’est un peu cela. La vraie empathie n’est pas chose facile à vivre. Je me souviens d’un test réalisé avec un ami et nos scores sur l’empathie étaient très éloignés. J’ai compris alors que l’empathie est une sensibilité rare. L’empathie ne s’apprend pas.

Réussir sa communication dans sa vie privée ou professionnelle n’est donc pas simple. Communiquer, qui est un acte banal, est au fond complexe. Nous tâtonnons dans la majorité des cas et usant des astuces éditées par des experts et divers coachs. Ce ne sont pas les outils qui nous manquent, ni les livres à lire, ni les vidéos sur YouTube …. Ce ne sont pas non plus les technologies qui nous manquent pour se rapprocher de l’autre. Entre sms, messagerie instantanée, Face Time … nos âmes s’enrichissent comme elles peuvent s’appauvrir.

Ce qui nous manque réellement aujourd’hui c’est notre capacité à réduire la distance avec nous-mêmes ! Et si la recette miracle était en nous, finalement ? A chaque fois on me pose la question : «comment bien communiquer ?», je réponds tout simplement : «soyez vous-mêmes !». C’est la seule manière qui me permet de dépasser mes peurs, de me découvrir en se rapprochant de l’autre, de ne pas avoir peur de mes différences, d’assumer ma philosophie de vie, de prendre du plaisir d’être avec l’autre tout simplement ! Et cela s’applique partout selon les contextes personnels ou professionnels.

Faouzia Rejeb
Faouzia Rejeb
Directrice conseil et formation | Agence DifferenCie
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