Dans un contexte marqué par les crispations identitaires, les replis communautaires et une perte de confiance dans les institutions, l’engagement des jeunes apparaît souvent comme une énigme, voire un angle mort du débat public. Trop souvent réduits à leur silence, à leur colère ou à leur repli numérique, les jeunes peinent à trouver des espaces où exister pleinement, sans se conformer, sans s’excuser, sans performer.
C’est à ce vide que répond Mashup Culture®, un projet imaginé et porté par l’agence DifferenCie, avec une conviction fondatrice : la différence ne divise pas, elle relie. Que se passe-t-il lorsqu’on donne à la jeunesse les moyens de s’exprimer avec liberté, exigence et sens ? Que produit-on lorsqu’on accompagne des récits personnels vers des œuvres collectives ? Quelle place l’entreprise, l’école, la culture peuvent-elles prendre dans cette construction de soi ?
Le 21 mai 2025, la 3e édition du Festival Mashup Culture® a apporté des réponses concrètes, vivantes, incarnées. Plus qu’un événement, ce fut une démonstration de ce que peut la parole quand elle est accompagnée, écoutée et reconnue.
Organisée par DifferenCie dans les locaux de MEDIAWAN, cette soirée-festival clôt une année de travail intense, d’accompagnements, de partenariats stratégiques et de créations hybrides. Elle marque aussi l’émergence d’une “génération Mashup”, consciente de ses héritages, courageuse dans ses expressions, et décidée à faire lien dans un monde fragmenté.
Une vision portée par DifferenCie
Depuis sa création en 2022 par Faouzia Rejeb, docteure en communication, enseignante à La Sorbonne Nouvelle et directrice de DifferenCie, Mashup Culture ne cesse de croître. L’idée fondatrice est simple et puissante : faire de la DIFFERENCE un levier d’innovation. Dans une société fragmentée, tendue par les crises identitaires et les injonctions contradictoires, le projet propose une autre voie : le récit personnel comme levier d’altérité.
Le Festival est le point d’orgue d’un accompagnement annuel mené par DifferenCie : coordination éditoriale, formation, mentorat, production audiovisuelle, partenariats pédagogiques et professionnels, mise en réseau et valorisation des talents. Une méthodologie exigeante, structurée et profondément humaine.
L’agence DifferenCie orchestre l’ensemble de la démarche : coordination générale, stratégie éditoriale, production de contenus, accompagnement des jeunes, gestion des partenariats avec les entreprises (Mediawan, TF1, Crédit Agricole, BGE PaRIF…), mise à disposition des outils techniques (podcast, site, photographie), et animation de communautés étudiantes tout au long de l’année.
Une soirée forte en émotions, où chaque mot compte
Dès l’ouverture, la parole a été confiée aux jeunes eux-mêmes. Discours engagés, déclarations personnelles, humour, performances artistiques : chaque moment a été conçu comme un espace d’expression authentique. Loin d’un événement formaté, la soirée a été un manifeste de sincérité.
L’un des temps forts fut le discours d’une étudiante évoquant « la génération flemme », qui avec autodérision et profondeur, interrogeait les injonctions contemporaines et la quête de sens dans un monde chaotique. Un autre a remercié les partenaires en soulignant que, chez Mashup Culture®, « les partenariats ne sont pas juste des logos collés sur une affiche, ce sont des histoires humaines ». C’est ce regard qui distingue Mashup Culture. Chaque collaboration, chaque intervention est incarnée, racontée, expliquée aux jeunes. Ce n’est pas une opération de communication, c’est une co-construction sincère.
Un événement en trois temps : création, transmission et engagement
1. Les créations audiovisuelles :
Douze œuvres réalisées par des jeunes entre 11 et 25 ans ont été projetées. Les thématiques abordées — l’exil, les identités mixtes, la mémoire, le handicap, les conflits familiaux, l’espoir — ont bouleversé le public. Mention spéciale à Camille Racicot, lauréate du premier prix pour “Maisons”, saluée par le jury pour sa poésie et sa puissance narrative.
Chaque projection était précédée d’une prise de parole du ou de la créatrice, une nouveauté de cette édition qui a permis d’ancrer les films dans l’expérience intime de chacun·e.
2. Les performances artistiques :
Des danseuses issues de l’école ACTS et de Micadanses ont ouvert le bal avec un hommage à la culture disco remixée à la sauce Mashup. Plus tard, l’artiste Sichi a revisité “Inta Omri” d’Oum Kalthoum au Pipa, un instrument chinois, dans un magnifique croisement musical et symbolique. Le jeune humoriste Léandre, porteur d’une alopécie, a livré un stand-up sur le thème de la maladie et de l’acceptation de soi, salué par l’ensemble du public.
3. L’axe économique et sociétal :
Deux temps forts ont structuré cette deuxième partie.
Une masterclass RSE présentée par les étudiants de l’IPAG (Nice et Paris), en partenariat avec le Crédit Agricole, autour des créations vidéo réalisées pour parler autrement d’économie solidaire et d’engagement.
Une intervention de BGE Parif, représentée par Assia, ancienne étudiante devenue chargée de communication après sa participation à Mashup Culture, et d’Ayida, jeune créatrice de mode issue des classes SEGPA. Son discours, profond et inspirant, a bouleversé la salle. Elle incarne avec force cette jeunesse invisible qui, bien accompagnée, peut transformer le réel.
Un impact concret, à la hauteur des ambitions
Cette 3e édition a bénéficié du patronage de la Commission Nationale Française pour l’UNESCO pour la deuxième année consécutive. Lylia Derrais, responsable des programmes UNESCO, a salué le projet en ces termes :
“La diversité, ce n’est pas une idée en vitrine. C’est ce qui nous relie. Ce qui nous enrichit. Ce qui nous rend plus humains.”
Avec plus de 300 établissements touchés par la communication en amont, un accompagnement personnalisé de nombreux jeunes dans leurs parcours académiques et professionnels, et une collaboration renforcée avec des entreprises et institutions, cette édition confirme la dimension transformante du projet.
Le projet a également été présenté à l’international, notamment :
En Roumanie, lors de la semaine mondiale de la Francophonie
En Bulgarie, autour de l’éducation inclusive
Au Mexique, dans le cadre d’un partenariat avec l’Université de Veracruzana
18. Les lauréats de la troisième édition Mashup Culture
La cérémonie de remise des prix a été un moment particulièrement émouvant, où chaque mot prononcé par les membres du jury résonnait comme une reconnaissance sincère du travail accompli. Le troisième prix a été attribué à L’intimité trahie de Jungmi, une œuvre saluée pour sa mise en scène épurée, son regard affirmé et son propos percutant. Le réalisateur Luc Gallissaires, membre du jury, a souligné « une vraie proposition de cinéma, sobre, audacieuse, habitée par une poésie discrète mais puissante ». Surprise par cette distinction, Jungmi a pris la parole avec humilité et spontanéité, ravie de voir son message entendu.
Le deuxième prix est revenu à Dina, un projet collectif mené par Maena Boyer, qui a séduit le jury par son inventivité narrative et sa lecture fine des rapports de genre. Entre minimalisme visuel et profondeur symbolique, ce film a révélé un vrai sens de la construction. Tarik Seddak, également membre du jury, a salué « une œuvre aussi engagée que sensible, portée par une narration maîtrisée et une belle complémentarité entre les membres du groupe ». Les autrices du projet, très touchées, ont partagé leur joie en évoquant la force d’un travail né d’un hasard… devenu alliance créative.
Enfin, le premier prix a été décerné à Maisons, réalisé par Camille Racicot. Un film d’une rare sensibilité, construit autour des liens familiaux, de la mémoire intime et des racines. Sylvia Tassan Toffola, Directrice Générale de TF1 PUB et présidente du jury, a souligné « une œuvre profondément émotive, à la fois personnelle et universelle, qui interroge ce qu’habiter veut dire, à l’heure des déracinements et de l’instabilité ». La notion de maison y devient métaphore du lien humain, des êtres qu’on aime, plus que des murs. Camille, visiblement bouleversée, a remercié l’ensemble du jury, sans cacher son étonnement.
Une mention spéciale a également été accordée à Mabayn Asawhil, création poignante signée Zak, qualifiée par Lylia Derrais (Commission nationale française pour l’UNESCO) de « coup de cœur personnel », pour sa puissance narrative et sa capacité à traduire l’intime en langage universel.
Les prix spéciaux
Trois prix spéciaux du Festival sont venus ponctuer cette séquence de remises avec une touche de tendresse et de gratitude. Des distinctions inattendues, mais ô combien méritées.
La première a été attribuée à Sichi, jeune musicienne fidèle au Festival, déjà présente lors de la 2e édition et engagée dans la conférence-hommage à Oum Kalthoum. Cette année, elle a offert au public une performance sensible, jouant Inta Omri— morceau emblématique de la diva égyptienne — sur un instrument traditionnel chinois, le Pipa. Un geste artistique à la fois audacieux et profondément symbolique. Ce prix coup de cœur, remis par Faouzia Rejeb avec le soutien de notre partenaire UpCoop, vient saluer son engagement pour le dialogue interculturel à travers la musique. Sur scène, Sichi a partagé sa joie : « C’est un honneur pour moi de faire dialoguer les cultures par l’art. Ce projet m’a fait découvrir Oum Kalthoum, et ça restera une expérience précieuse. »
Deux autres jeunes ont également été mis à l’honneur. D’abord Kayis, 12 ans, notre benjamin, déjà présent l’an dernier, et de retour cette année pour témoigner sur scène de son évolution. Son enthousiasme, sa créativité et sa volonté de comprendre le monde font de lui une figure attachante de la “génération Mashup”. Le prix Junior qui lui a été décerné incarne la reconnaissance de son parcours prometteur.
Enfin, Dana, 16 ans, a été saluée pour sa contribution à la création audiovisuelle de sa grande sœur, dont elle a réalisé le montage. Ce geste fraternel, discret mais essentiel, incarne parfaitement l’esprit collaboratif du projet. En lui remettant un prix spécial, le Festival a tenu à valoriser son sens de l’engagement, sa rigueur, et sa sensibilité artistique.
Ces récompenses, au-delà des trophées, célèbrent des trajectoires, des présences, des élans sincères. Elles rappellent que derrière chaque œuvre projetée, il y a des liens invisibles, des soutiens silencieux, des talents en devenir — et que le Mashup, c’est aussi ça : une manière de faire famille autrement.
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